David Gascoyne, photographié par Rollie McKenna en 1951.
Kathleen Raine, photographiée par Rollie McKenna en 1951.
DAVID GASCOYNE ET LA FONCTION PROPHÉTIQUE
David Gascoyne and the Prophetic Role
KATHLEEN RAINE
ouvrage bilingue - bilingual book
essai traduit de l’anglais par Michèle Duclos
Isbn 97829195821174 – 2017 – 118 pages – 9 €
Après la publication de La vie de l’homme est cette viande, le deuxième recueil du poète britannique David Gascoyne (1916-2001), et de son poème radiophonique Pensées nocturnes, diffusé en 1955 par le Third Programme de la BBC, Black Herald Press propose un essai consacré au poète et à son parcours si singulier. Dans ce texte paru en 1966 et jusqu’à présent inédit en français, la poète Kathleen Raine (1908-2003), par ailleurs héritière spirituelle de William Blake, rend hommage au cheminement poétique, littéraire et métaphysique de son ami David Gascoyne ; elle revient sur sa précocité (souvent comparée à celle de Rimbaud), sur ses découvertes et ses affinités littéraires et philosophiques (dont Kierkegaard, Pierre Jean Jouve et Chestov), et se penche en particulier sur sa rencontre puis sa rupture avec le surréalisme, sur ses poèmes religieux (« ses durables offrandes au monde »), ou encore sur « l’incompatibilité entre l’imagination, sa vision de la perfection, et les conditions de la vie terrestre », inscrivant ce faisant le poète dans la droite lignée des grands visionnaires que furent Blake, Yeats et Hölderlin.
« Le nihilisme est la révolution sans l’imagination, comme la “bourgeoisie” est l’ordre social sans l’imagination. Désormais pas moins révolutionnaire qu’il ne le fut en sa période surréaliste, David Gascoyne se proclame finalement non pas marxiste mais, comme Blake, révolutionnaire pour la cause du “Royaume qui n’est pas de ce monde”. Dans sa maturité il émerge comme un prophète dont le message subversif est ce qu’il a toujours été : vivre par la vérité de l’imagination, l’Esprit Saint dans l’homme. »
Kathleen Raine
« Il faut que le poète paie le prix ; car son entreprise est une tentative de transgresser les lois de l’univers humain. Les portes du Paradis nous sont interdites par l’ange à l’épée de feu, et le poète-voyant, en essayant d’échapper à cette effroyable interdiction, se rend coupable d’un crime prométhéen. »
David Gascoyne
De David Gascoyne, chez le même éditeur :
La vie de l’homme est cette viande (Man’s Life Is This Meat)
Traduction de B. Longre, 2016.
Pensées nocturnes (Night Thoughts)
Traduction de Michèle Duclos, 2016.
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After the bilingual publication of Man’s Life Is This Meat, David Gascoyne’s second collection, and his radiophonic poem Night Thoughts, Black Herald Press publishes an essay dedicated to the poet and his singular path. In this text published in 1966 in the international review ADAM, the poet Kathleen Raine, herself a spiritual heir to William Blake, pays homage to the poetical, literary, and metaphysical development of her friend David Gascoyne; she writes of his precocity (often compared to that of Rimbaud), of his literary and philosophical discoveries and affinities (including Kierkegaard, Pierre Jean Jouve, Paul Éluard, Shestov); in particular, she looks into his encounter and subsequent split with Surrealism, his religious poems (‘his enduring gift to the world’), and also ‘the incompatibility of imagination’s vision of perfection with the conditions of earthly life’, and in doing so she places the poet within the tradition of great visionaries such as Blake, Yeats, and Hölderlin.
‘Nihilism is revolution without imagination, as the ‘bourgeoisie’ is social order without imagination; no less revolutionary now than as a surrealist David Gascoyne finally proclaims himself not as a Marxist but, like Blake, a revolutionary in the cause of the ‘Kingdom not of this world’. In his maturity he emerges as a prophet whose subversive message is what it has always been: to live by the truth of the imagination, the Holy Spirit in man.’
Kathleen Raine
‘The poet has to pay the price; for his undertaking is an attempt to transgress the laws of man’s universe. The gates of Paradise are barred against us by the angel with the flaming sword; and the poet-seer, in attempting to escape that terrible interdiction is guilty of a promethean crime.’
David Gascoyne
La traductrice
Michèle Duclos a consacré son enseignement et sa recherche à l’Université Bordeaux Montaigne à la poésie anglophone contemporaine. Ses principales publications sont l’essai Kenneth White, nomade intellectuel, poète du monde (ellug, 2006) et Un regard anglais sur le symbolisme français, Arthur Symons, Le mouvement symboliste en littérature (L’Harmattan, 2016). Elle a dirigé l’anthologie Poésie britannique des années trente (Presses Universitaires de Bordeaux, 1996) et a participé à l’Anthologie de la poésie irlandaise du xxe siècle (Verdier, 1996) ainsi qu’à Poètes d’Irlande du Nord (Presses Universitaires de Caen, 1995). Elle a traduit Ruth Fainlight et Thomas Kinsella (éditions Fédérop), Harry Clifton et John Montague (éditions Alidades), Charles Tomlinson, Eamon Grennan et Shizue Ogawa (éditions Caractères). On lui doit également la traduction de Mort d’un explorateur (éditions Dufourg-Tandrup, 1992) et de Pensées nocturnes (Black Herald Press, 2016) de David Gascoyne. Elle participe aussi à des revues littéraires, particulièrement Poésie/première et temporel.fr.